
Dans l’interview accordée à notre journal en ligne, cet Administrateur Civil Principal hors échelle dresse, sans complaisance, le bilan de l’année 2015 au Ministère des Arts et de la Culture, juge le travail réalisé par ses services et fait des projections pour l’avenir. Édifiant.
Monsieur le Secrétaire Général, vous avez fait une grande sortie, avec votre discours-bilan le 19 janvier 2016, lors de la cérémonie de présentation des vœux au nouveau Ministre Pr. Narcisse Mouelle Kombi. Pouvez-vous nous dresser le bilan par programme du Ministère des Arts et de la Culture ?
Le bilan par programme du Ministère des Arts et de la Culture se présente ainsi qu’il suit : En ce qui concerne le programme 181 intitulé : CONSERVATION DE L’ART ET DE LA CULTURE CAMEROUNAIS il porte notamment sur la reconstitution de la mémoire collective, dont l’action a été fortement orientée vers le patrimoine culturel immatériel à travers deux projets phares, à savoir d’une part, l’inventaire général du Patrimoine Culturel qui a permis de mettre en œuvre les principales recommandations de l’étude stratégique menée à cet effet en 2011, notamment celles relatives au lancement de l’inventaire général du patrimoine culturel dans le domaine de l’immatériel. A cela il conviendrait d’ajouter la formation apportée aux facilitateurs, les chefs traditionnels des régions du Sud, de l’Est et du Centre ainsi que la collecte de données dans la Région du sud, avec pour principal résultat l’identification et la documentation, de plus de deux cents (200) éléments dans les quatre départements de cette région et d’autre part, l’organisation des ateliers de vacances dont la cinquième édition a connu une forte progression en terme de sollicitation tant quantitative des apprenants que qualitative sur les enseignements supplémentaires. Cette activité a permis d’enclencher la promotion et la valorisation des arts et de la culture nationale, mais aussi et surtout en matière de préservation de notre patrimoine culturel ainsi que sa transmission aux générations actuelles et futures. Plus de six cents enfants en âge scolaire ont été sensibilisés sur les valeurs et expressions de notre patrimoine culturel, socle de notre identité culturelle. Les efforts consentis montrent notamment que nos langues nationales, les jeux de sociétés, les contes et fables de chez nous, les musiques et danses patrimoniales peuvent encore trouver un terrain fertile auprès de notre cible qui est celle des enfants en âge scolaire. La restauration et l’aménagement du patrimoine culturel quant à elle visait à rentabiliser le patrimoine culturel de notre pays, c’est pourquoi certains sites culturels ont été réhabilités, restaurés et aménagés. C’est le cas du site culturel et historique du port d’esclave de Bimbia, dans le Sud-ouest haut lieu de la mémoire du commerce transatlantique des esclaves en Afrique centrale, qui a un fort potentiel permettant à l’avenir d’envisager la constitution d’un dossier de nomination sur la liste du patrimoine mondial. Les efforts en matière de préservation et protection du patrimoine culturel se sont poursuivis avec l’appui aux collectivités territoriales décentralisées dans le cadre du transfert des compétences au titre de la décentralisation qui a permis la réhabilitation de nombreux musées d’intérêt local, pour une enveloppe globale de Francs CFA cent millions (100.000.000), en vue de la sauvegarde de ce patrimoine culturel. A tout cela il faut ajouter la réouverture du Musée National au public, qui au delà de la préservation du patrimoine culturel, permet de mettre en avant l’étendue de la diversité de notre patrimoine culturel, singularité particulière du Cameroun dans un contexte mondial marqué par l’exacerbation des différences et leur mise en exergue comme facteur de conflit. Le Musée National tout autant que le Cameroun, est un donné à voir qui témoigne de ce qu’il est possible de vivre ensemble et en harmonie, malgré nos différences culturelles.
Mais Monsieur le Secrétaire Général, il se dit avec regret que d’autres projets n’ont pas pu être menés à terme…
En effet, d’autres projets tout aussi importants n’ont pu être menés à terme en raison de nombreuses contraintes. C’est le cas de l’aménagement d’un musée anthropologique dans les jardins du Musée National et de la formation des guides culturels des musées des chefferies traditionnelles dont le principal partenaire, l’Ecole du Patrimoine Africain de Porto-Novo fixe les orientations à prendre suivant les mécanismes internationaux arrêtés à cet effet.
Un mot sur le Programme 182…
Le programme 182 quant à lui, intitulé RENFORCEMENT DE L’APPAREIL DE PRODUCTION DE BIENS ET SERVICES CULTURELS, s’occupe de la formation très chère au Ministre des arts et de la Culture constitue à notre sens, le socle de l’action culturelle orientée vers le nouveau paradigme de l’économie culturelle. En ce sens, la mise en place de l’Institut National des Arts et de la Culture apparaît comme une priorité. L’autre grande activité de ce programme, est la restructuration du Palais des Congrès dans le cadre du Contrat plan signé avec l’Etat, afin de permettre à cette structure d’améliorer sa capacité d’autofinancement et accroitre sa contribution au budget de l’Etat, lorsque cela est demandé.
Dans le cadre du soutien à la créativité, quels sont les événements culturels d’envergure qui ont connu l’appui du MINAC ?
L’on pourrait citer sans que la liste ne soit exhaustive les principaux festivals contemporains et patrimoniaux. Il s’agit notamment du Festival des peuples Bandjoun Nsem Todjom, le Festival Ecrans Noirs, le Festival de danses et de percussions Abok I Ngoma, le Festival de musiques Bantoues plus connu sous le nom de Festibikutsi, le Festival de Caricature et d’Humour de Yaoundé (FESCHARY), le Festival du Film tout court, le Festival Sahel Week organisé en faveur de la communauté de l’ère Soudano-sahélienne à Yaoundé, la 1ère édition du South West Cultural festival de Kumba, l’édition 2015 du Ngondo, la 11ème édition de l’élection Miss Cameroon COMICA et ses déplacements à l’extérieur, Le MINAC A appuiyé à la célébration des carrières professionnelles de certaines icônes comme Ben Decca, Eko Roosvelt, le regretté Joe MBOULE, OTTOU Marcellin. Le minac a contribué au rayonnement diplomatique culturel à travers la participation aux grands rendez vous culturels notamment la tournée du Ballet National en Allemagne, en Italie et à Dakar au Sénégal, l’organisation des activités et opérationnalité des structures d’animation à travers l’organisation d’un concert de musique de soutien aux Forces de Défense et de Sécurité dans la lutte contre BOKON HARAM, l’animation de YA FE 2015, l’ouverture au public de la salle SITA BELLA et du Centre Culturel Camerounais pour ne citer que ceux-là. De même le MINAC a apporté un appui substantiel à la production de nombreuses œuvres littéraires et artistiques dont les dossiers ont été présentés par les artistes et des structures en charge de la production. Par ailleurs, n’eût été certaines contraintes de procédures, les projets inscrits dans le girond du Contrat de Désendettement et de Développement auraient été conduits à terme dans leur totalité. Il faut tout de même relever dans cet ordre d’idées, que près d’une centaine de localités ont bénéficié de la diffusion des œuvres cinématographiques camerounaises dans le cadre du Cinéma Numérique Ambulant intégré dans le projet Shoot In Cameroon. QU’il me soit permis de terminer cette énumération par une des victoires du Cameroun sur le plan culturel, à savoir l’accueil par notre pays de la cinquième conférence africaine sur l’économie créative organisée par l’organisation panafricaine Arterial Network.
Un mot sur le Programme 183…De quoi s’agit-il ?
Le programme 183 intitulé : RENFORCEMENT DES MOYENS D’ACCOMPAGNEMENT DU SOUS-SECTEUR, qui se veut un support à la réalisation des deux programmes techniques et opérationnels susvisés et apporte un appui substantiel à l’amélioration des conditions de travail des acteurs du sous-secteur et au renforcement du cadre de travail des services internes. De manière synthétique, la mise en œuvre de ce programme en 2015 passe notamment par l’acquisition de matériel roulant au profit des services centraux, afin d’améliorer la mobilité des responsables du Ministère. De même, dans le but d’assurer la célérité dans le traitement des dossiers, nous poursuivons la mise à disposition des services centraux et déconcentrés de matériel informatique et du mobilier de bureau. Qu’il s’agisse du matériel roulant ou celui de bureau, je voudrais relever que les acquisitions qui ont été faites ne permettent de résorber qu’une partie du déficit, d’où l’échelonnement sur plusieurs exercices.
Le bilan au plan interne est-il satisfaisant ?
Il faut dire que le bilan est vaste et touche pratiquement à tous les domaines d’intervention. C’est ainsi que au niveau de l’Inspection Générale, il a surtout été question des missions d’audit et de contrôle des services centraux et déconcentrés de notre département ministériel. Ces missions ont permis de toucher du doigt certaines réalités de personnel tant dans leur cadre de travail, que des ressources humaines, matérielles et financières mises à la disposition des différents chefs de structures. L’initiative à Résultat Rapide (IRR) qui a été lancée n’a pas connu une avancée notable faute d’existence du Comité Interministériel de Lutte contre la Corruption Ledit Comité désormais mis sur pied grâce à la diligence du Ministre des Arts et de la Culture, pourra à l’avenir se déployer dans les règles de l’art. Sur le plan social, l’Inspection Générale a organisé autour de la célébration de la journée mondiale de lutte contre la pandémie VIH-SIDA, une activité qui a connu une adhésion massive du personnel en service dans notre Département Ministériel. Mais tout ce ci n’aurait pas été possible sans l’encadrement avisé et patient de la direction des affaires générales qui a toujours mis les petits plats dans les grands pour apporter son appui ; la Cellule de Suivi que je récupère petit a petit, pour son expertise dans la coordination de toutes ces activités, et de la division des affaires juridiques pour des avis conformes aux lois et règlements. Nous pensons aussi à la Cellule de Traduction pour sa contribution pertinente, tandis que la Cellule de Communication apportait plus de visibilité et de lisibilité à toutes ses actions. La Cellule Informatique et des Statistiques a favorise l’arrimage aux nouvelles technologies avec une maitrise progressive de l’outil informatique ainsi que l’internet, sans toutefois oublier d’attirer notre attention sur l’importance et la pertinence des statistiques tant dans la maitrise des informations, que dans la prise de décision et autres orientations stratégiques. La Sous-direction de l’Accueil, du Courrier et de Liaison face aux multiples sollicitations et au manque de personnels dans sa structure a décidé de faire le saut vers la modernité en mettant en place un logiciel approprie pour la gestion du courrier qui a permis d’ouvrir la voie au travail collaboratif avec l’implication direct des services techniques. L’architecture actuelle permet un bon appréciable vers l’avant avec des facilités inédites, de suivre et ou de se renseigner en temps réel de l’évolution d’un dossier, d’établir a un moment m, les répertoires et les statistiques personnalisées, de soumettre en ligne des requêtes a la sdacl bref de réaliser un gain de temps énorme, de dématérialiser les différents responsables etc. Un travail remarquable et remarqué qui mérite des encouragements et des félicitations de la haute hiérarchie pour servir d’exemple. Le bilan est mi-figue, mi-raisin « on va dire peut mieux faire» malgré quelques difficultés auxquelles ont dû faire face les collaborateurs durant l’année 2015. En effet, l’état de délabrement de certaines unités de travail en général et particulièrement au niveau des services déconcentrés est une lapalissade, l’insuffisance quantitative et qualitative des ressources humaines, des locaux et des équipements est criarde, ne parlons donc pas des ressource financières qui ne tiennent pas souvent compte du réel coût de la demande culturelle dans notre pays.
Quelles sont les perspectives pour 2016 ?
Pour l’année 2016, aucun effort ne sera ménagé, pour sinon dépasser, tout au moins atteindre le même seuil de rendement. Toutes ces actions seront réalisées pour permettre au ministère des Arts et de la Culture d’être toujours le leader de l’action gouvernementale dans le Sous-secteur qui est le notre. En scrutant l’horizon dans la perspective d’une moisson plus abondante cette année pour un ministère des Arts et de la Culture toujours gagnant, je voudrais humblement suggérer à Monsieur le Ministre, à envisager les mesures managériales idoines afin que ses collaborateurs se sentent davantage stimulés et engagés, au travers de l’amélioration de leur environnement et de leurs conditions de travail.
Entretien avec Ericien Pascal Nguiamba