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Cameroun: Ecole publique de canton,120 élèves sauvés d’une année blanche par une Dame

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Voici cette école

Pour des raisons du non payement des frais d’Ape, les 120 élèves sur les 14o que compte la seule école publique de Milamizibi, un bled situé dans l’arrondissement de Ngoulemekong, dans le département de la Mvila, étaient sous la menace d’une exclusion définitive, jusqu’à ce que, une âme généreuse, ayant écouté l’ultimatum diffusé par voie d’annonce, au cours de la messe dominicale, décide de voler au secours de la communauté desdits élèves en difficulté. 

Le fait paraît tel un insolite, à l’allure banale ; mais avec une bonne dose de curiosités et de réalités.  Surtout qu’il s’agit de sauver la scolarité des élèves en vadrouille ; menacés de sous-scolarisation. Dans le village, Milamizibi, une petite bourgade d’une superficie de 14km, pour une population évaluée à 2000 habitants, les élèves de la seule école publique, ont le stress et l’âme en peine. Le mélodrame est tout aussi incroyable, qu’il ne donne aucun répit aux parents des élèves qui depuis la rentrée scolaire, ont perdu le sommeil. Il est à souligner que ladite école, quoique en zone rurale, dans l’arrondissement de Ngoulemekong, département de la Mvila, est située sur les abords de la route bitumée qui mène dans la ville d’Ebolowa.   Milamizibi est à une heure trente minutes de trajet de Yaoundé, moins de trente minutes d’Ebolowa. Mais pourtant, le drame éducatif, se joue dans ledit bled. Absence d’infrastructures, un manque criard des enseignants et des salles de classe, une sous-scolarisation et une misère rampante, une population qui vit au ras-du-sol.

Pour la rentrée scolaire 2016-2017, l’école publique de Milamizibi, a reçu en termes du nombre total des élèves inscrits, 140 écoliers. Rendu à la semaine dernière, seuls 20 élèves avaient pu s’acquitter des frais de l’Association des parents d’élèves (Ape), qui remontent à 2500fcfa  par élève. Comme il fallait s’y attendre, la menace de l’exclusion des 120 élèves insolvables, devenait grande et inéluctable. Comme il est coutume dans les écoles de canton et dans les bourgades, la diffusion des annonces en guise d’ultimatum, a démarré dans les différents espaces publics. Dimanche dernier, après la messe, à la phase des annonces, un vibrant appel est lancé à destination de tous, à l’effet de  demander aux 120 élèves de s’acquitter desdits frais d’Ape ; sans quoi, ils ne seront plus autorisés à accéder à l’école. Fait grave, l’annonce a été également faite, avec une dose de doléance ; si les frais n’étaient pas payés, l’état de dénuement, l’absence de ressources matérielles et financières, n’allaient plus, favoriser la continuité de l’enseignement.

Une main généreuse et secourable

Pendant que dirigeants de l’Ape et les membres du clergé sensibilisent les parents ; lesquels affirment leur impuissance et le manque absolu des moyens financiers pour faire le bon geste, une femme de cœur, native dudit village, dont les actions de bonté et de générosité sont connues à travers le monde, s’en trouve profondément émue. Interpellée.  Surtout que sur le visage buriné, chagriné des parents d’élèves ; à voir  leur regard fuyant, s’observe, la réalité du dénuement. Françoise Etoa, puisqu’il s’agit d’elle, décide de voler au secours des enfants du village. « J’ai lu beaucoup de difficultés, d’amertume et de pauvreté sur le visage des parents. C’est à peine s’ils ne croulaient pas sous le poids de l’indigence. J’ai observé l’effectivité de la pauvreté dans nos zones rurales. Une autre réalité à commencé à tarauder mes esprits ; celle de venir en aide à ces petits frères et sœurs du village qui n’ont pas chois d’être des enfants de la pauvreté. Je ne peux pas faire des œuvres de l’humanitaire dans le monde entier et être indifférente au drame qui se joue dans mon village » affirme Françoise Etoa. Quoi de plus normal ; pour cette femme de cœur, extraordinaire d’amour dont les actions sociales et le nombre d’investissements dans l’humanitaire, ne sont plus à dénombrer. Elle a décidé de payer les frais d’Ape, à tous les 120 élèves en situation d’indélicatesse.

Dans la journée de Mardi, cette main magnanime, a débarqué in extremis dans le village ; elle a procédé à l’appel des élèves concernés et procédé au payement de la somme demandée. « La somme est certes modeste ; mais elle va régler plusieurs problèmes dans cette école. Surtout, l’équation des émargements des maitres de parents. L’autre bonheur, c’est l’engagement qu’elle a pris de payer systématiquement, tous les ans, les frais d’Ape, à tous les élèves de l’école » lance un des enseignants. Le combat de  Françoise Etoa est aussi celui de la bataille foncière. Confrontés à la méconnaissance de leurs droits, aux problèmes d’illettrisme,  les populations de Milamizibi, n’échappent pas au mélodrame qui sévit dans les villages. Des affairistes, des spécialistes du  mercantilisme et clientélisme, écument de plus en plus les villages, procèdent à l’accaparement des terres, en spoliant les villageois, qui de fil en aiguille, s’en trouvent dépossédés  au point de devenir des esclaves dans leurs propres terres. « Je suis convaincue qu’un enfant bien éduqué, bien enseigné, se mettra au service du développement de son village. Bien informé de leurs droits, ces enfants scolarisés, sauront barrer la voie à certains affairistes qui se disent nantis, qui assiègent les villages ; abusent des faiblesses des populations,  profitant de leur inculture, les spolient en les dépossédant de leurs terres. Mon action de solidarité ici se veut pérenne ; elle ira, en grandissant » lance Françoise Etoa.

Françoise Etoa « Les parents ont beaucoup de  difficultés à réunir les frais d’Ape» 

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Françoise Etoa, promotrice des œuvres de l’humanitaire, des actions de bonne volonté, aux côtés des jeunes élèves de cette bourgade dont elle est elle-même originaire.

La promotrice des œuvres de l’humanitaire, des actions de bonne volonté, explique le bien fondé de son action de solidarité à l’adresse des jeunes élèves de la bourgade dont, elle-même en est originaire.

Pourquoi cette action humanitaire en direction des élèves de Milamizibi ?

Mon père Etoa Pascal, mes parents sont nés dans ce village ; j’en suis originaire et native de ce village. C’est  tout à fait normal qu’étant parmi les héritiers de ce village, que je revienne de temps à autre, en provenance de la diaspora où, je vis, pour toucher les réalités de ce village ; les difficultés et les dures réalités de la vie de mes parents. C’est dans ce sillage que j’inscris mon action de participer au développement de ce village en payant, les frais d’Ape aux jeunes scolaires de l’école publique de Milamizibi. Je sais que les parents ont des difficultés, puisque il faut espérer vendre à prix dérisoire, quelques régimes de plantain, des tas de macabo, pour certains un peu de gibier, aux voyageurs qui font escale ici, en partance pour Ebolowa ou, y revenant. Je sais à quel point ce n’est pas facile ; de réunir la somme qu’il faut, pour aller payer les frais d’Ape ; d’où les difficultés visibles des enfants à ne pouvoir pas s’acquitter des frais d’Ape, voici bientôt un mois que l’école a commencé.

Pensez-vous que les enfants devraient être sevrés de l’éducation à cause des frais d’Ape qui ne sont pas obligatoire ?

Je comprends bien l’aspect non obligatoire des frais d’Ape. Mais je pense aussi que les problèmes ne se présentent pas de la même façon, ni d’égale acuité, dans les différents bleds. Il existe des villages où, sans les frais d’Ape, il n’y a pas d’école, il n’y a pas d’infrastructures, il n’y a pas d’enseignement. C’est face à la dure réalité des jeunes scolaires de mon village, que je comprends de mieux en mieux, le bien fondé des frais d’Ape. C’est pour cela que j’ai décidé, non seulement de payer les fais d’Ape aux enfants ; mais de rendre l’opération pérenne. J’ai pris l’engagement, de payer chaque année, ces frais pour les enfants de mon village, jusqu’à ma mort. Pourquoi ? Parce que je dois participer à l’éducation de mes petites sœurs et de mes petits frères de ce village. Pourquoi l’Ape ; j’ai compris que l’école rencontre d’énormes difficultés pour fonctionner. Il y a une partie des frais d’Ape, qui est prélevée pour résoudre certaines problèmes ; l’autre pour payer ce qu’on appelle salaire aux maîtres des parents. Voyez-vous, pour les 140 élèves que compte cette école, il n’y a que quatre maîtres. Deux sont affectés par l’administration publique ; les deux autres, des maîtres  vacataires,  sont à la charge des parents d’élèves qui déjà, ne peuvent pas assurer leur survie ; pire encore, qu’ils ne peuvent participer au payement des salaires de ces vacataires.  L’argent de l’Ape, permet de payer ces maîtres vacataires, qui participent à l’encadrement et à l’éducation des enfants du village. J’ai également voulu rendre cette opération pérenne, parce que, c’est une action de solidarité très importante.  Je ne voudrais plus que les parents qui s’échinent à vendre du plantain ou du macabo ; eux dont je pense que ce qu’ils en gagnent est dérisoire, qu’il se trouvent encore à s’acquitter desdits frais.

Pourquoi et comment expliquer un tel dénuement dans une école publique qui n’est pas profondément ancrée dans une zone rurale, fortement enclavée ?

Je n’accuse personne ; je ne fais endosser la responsabilité à quiconque que ce soit. Ce que je sais c’est que l’Etat a d’énormes difficultés ; le Cameroun est grand. Je peux aussi comprendre qu’avec la guerre dans laquelle, nous plongent les terroristes de Boko Haram, l’Etat traverse quelques difficultés et ne peut régler tous les problèmes. Devant cette situation, les natifs de ce village, y compris moi qui suis de la diaspora ( je dois être active) ; nous sommes appelés tous, à nous investir, à donner notre participation, pour pouvoir aider les populations des zones rurales. Vous savez que j’œuvre dans l’humanitaire dans le monde ; il est inadmissible que dans mon village, les enfants puissent être sous-scolarisés ; qu’ils ne puissent pas avoir droit à l’éducation ; comme tout le monde, à cause des frais de l’Ape ; j’aurai failli à mon devoir d’humanitaire, si je n’avais pas volé au secours de ces élèves.

Il y a quelques années, vous avez convié des orphelins de victimes de guerre à une action de solidarité collective ?

L’opération « Orphelins de guerre » à laquelle, vous faites allusion, m’a particulièrement touché, parce que je suis d’abord camerounaise. Mon pays est en guerre ; il fallait faire quelque chose. J’ai pensé qu’il fallait organiser les orphelins de guerre ; pas seulement les camerounais, mais tous ceux là, victimes de la guerre. C’est pour cela que j’ai invité le Niger, le Nigeria, le Tchad et le Cameroun ; parce que nous tous, combattons contre Boko Haram.  J’ai pensé que ces orphelins de guerre, pouvaient avoir une journée. C’est pour cela que j’ai baptisé l’opération : « un sourire pour les orphelins de guerre ». Il était question de les mettre dans des conditions où, ils peuvent sourire cette journée. J’ai invité les veuves de nos soldats, tombés sur le champ de guerre. Des sponsors ont volé à mon secours ; nous avons donné de l’argent à ces veuves ; pour qu’elles puissent faire le commerce de proximité. Nous avons réussi à leur faire passer un bon moment au Hilton hôtel, pour créer auprès de tous, l’espoir ; leur montrer que tout n’est pas perdu.

ll fallait qu’eux aussi, puissent s’approprier de ce lieu mythique. J’étais très ravie. Beaucoup des camerounais aussi. On ne s’arrêtera pas là ; il n’est pas question de faire une fois et s’en aller. Le 28 mai 2017 ; jour de la célébration de la fête des mères, nous serons au Hilton à nouveau ; nous allons inviter tous les orphelins de guerre ; les épouses de nos soldats tombés au front ; on va leur donner de l’argent ; faire le point ; voir ce à quoi a servi l’argent donné à ceux qui l’ont perçu l’année dernière ; ce qu’ils en ont fait. Je suis ravie d’apprendre qu’elles évoluent en réseau et en association. Nous allons pouvoir aider ces associations ; que ces femmes soient fortes. Je crois aux femmes ; je crois à la mère d’enfants ; en tant que mère moi-même. Je sais qu’en vendant quelque chose, elles peuvent éduquer leurs enfants dans la dignité, plutôt que de passer le temps à faire la mendicité.

Réalisé par Souley OHOHIOLO à Milamizibi par Ngoulemekong


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