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Mort de Papa Wemba : Les éclairages du Dr Armand Nghemkap, Médecin Urgentiste en France

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Dr.Armand Nghemkap, Médecin Urgentiste, France: « La mort subite de Papa Wemba était évitable »

Suite à la mort subite de l’artiste PAPA WEMBA en pleine scène lors du FEMUA à Abidjan en Côte d’Ivoire le 24 avril 2016, la rédaction de yaoundeinfo.com a interrogé  le Dr Armand NGHEMKAP Médecin Urgentiste en France, pour en savoir d’avantage. Ses éclairages.

Bonjour Docteur, vous êtes Médecin Urgentiste en France. Vous avez fait de la lutte contre les morts subites votre cheval de bataille. Vous avez appris la mort du chanteur PAPA WEMBA sur scène à ABIDJAN. Selon vous, comment peut-on qualifier ce genre de décès brusque ?

Dr Armand NGHEMKAP : Comme  dans le cas du footballeur camerounais Marc-Vivien FOE, l’artiste PAPA WEMBA est décédé d’une mort subite.

Docteur, cette mort subite était-elle évitable ?

Dr Armand NGHEMKAP : La mort subite de PAPA WEMBA était bien évitable.  A mon humble avis, les témoins qui s’attroupent autour du corps inactif de PAPA WEMBA auraient dû appliquer tout simplement « LES GESTES QUI SAUVENT UNE VIE » en voyant l’artiste s’écrouler. Ils auraient ainsi donné une chance de survie non négligeable à PAPA WEMBA. La mort subite de PAPA WEMBA dans des circonstances troubles pose la problématique de l’apprentissage au grand public des gestes qui sauvent car tous les ans, selon les statistiques de la Croix rouge française, au moins 50 000 personnes sont victimes d’un arrêt cardiaque. Plus de 10 000 vies pourraient être sauvées si une personne sur cinq connaissait les gestes qui sauvent.

Quels sont ces « GESTES QUI SAUVENT UNE VIE » ?

 Dr Armand NGHEMKAP : Il y a plusieurs « GESTES » à connaître si l’ont veut sauver des vies et dans le cas de PAPA WEMBA il  s’agit de la reconnaissance d’un arrêt cardiaque, l’apprentissage du massage cardiaque ainsi que l’utilisation d’un défibrillateur cardiaque. Je consacre depuis une quinzaine d’années mon temps libre dans la sensibilisation sur la reconnaissance de l’arrêt cardiaque et l’apprentissage des gestes qui sauvent.  Au cours de mon séjour au Cameroun, en marge du festival de cinéma éducatif KOMANE dont la 2ème édition a eu lieu dans la ville de Dschang du 4 au 6 février dernier, j’ai coordonné plusieurs ateliers d’information et de sensibilisation sur les maladies cardio-vasculaires et AVC organisés en milieu scolaire, en partenariat avec l’association MARCQ-CAMEROUN- LILLE FRANCE. Les participants, essentiellement les élèves du Lycée classique de Dschang et du Lycée de Fonakeukeu  ont pu s’initier aux gestes qui sauvent.

Le cas PAPA WEMBA est-il pour vous un cas isolé ou d’après vos informations en Afrique ce sont des situations quotidiennes ?

Dr Armand NGHEMKAP : Le cas de PAPA WEMBA est loin d’être un cas isolé. Nous avons déjà connu en 2003, une situation identique avec la mort subite en mondo-vision du footballeur camerounais Marc-Vivien FOE et je vous renvoie à l’article que j’avais publié à l’époque intitulé « Décès de Marc-Vivien FOE : Mort naturelle ou mort évitable ? Le point de vue d’un médecin camerounais ». Je décriais déjà à l’époque l’absence d’une réponse adéquate à une situation de malaise avec perte de connaissance et notamment l’absence de défibrillateur cardiaque dans les évènements sportifs. Les arrêts cardiaques comme celui de PAPA WEMBA sont plutôt quotidiens dans mon activité car chaque année en France pour citer cet exemple, on note plus de 50000 (cinquante mille) arrêts cardiaques comme celui survenu chez PAPA WEMBA. Je ne dispose pas de statistiques fiables pour l’Afrique d’autant plus que beaucoup de ces morts subites sont attribuées à tort à des pratiques mystiques.

Docteur, quelle peut être la cause du décès de PAPA WEMBA ?

Dr Armand NGHEMKAP : En voyant PAPA WEMBA s’écrouler aussi brutalement sans aucun signe annonciateur au préalable, la cause probable du décès me semble être un trouble paroxystique du rythme cardiaque de type fibrillation ventriculaire. Mais seule une autopsie peut déterminer la cause réelle du décès.

Docteur, comme vous le précisez, le footballeur camerounais Marc-Vivien FOE ainsi que d’autres sportifs et citoyens anonymes ont été victimes de ce phénomène de la mort subite qui prend de plus en plus de l’ampleur. Comment faire pour sensibiliser l’opinion ?

Dr Armand NGHEMKAP : Je pense qu’une bonne campagne d’information et de communication du grand public à la reconnaissance de l’arrêt cardiaque, la généralisation d’ateliers d’initiation au massage cardiaque, ainsi qu’à l’utilisation d’un défibrillateur cardiaque est indispensable pour une bonne stratégie politique d’éducation pour la santé sur les morts subites. Les pouvoirs publics doivent également développer en milieu scolaire des ateliers d’information et de sensibilisation sur la reconnaissance de l’arrêt cardiaque et l’apprentissage des gestes qui sauvent. Ces ateliers pourraient s’intituler «  SAUVER DES VIES » pour une meilleure prise en conscience de son enjeu. C’est ce que j’essaye de faire à mon modeste niveau en parrainant des initiatives comme le tournoi de football KAMER MOUNA FOOT qui prône la sensibilisation des jeunes sportifs et génies du ballon rond à la problématique de la mort subite des sportifs et l’apprentissage des gestes qui sauvent sur un terrain de football en cas de malaise du sportif.

je rappelle d’ailleurs à vos lecteurs que sa 3ème édition aura lieu du 15 au 18  décembre 2016 à DOUALA au Cameroun avec le co-parrainage des anciens Lions indomptables du Cameroun Emmanuel MABOANG KESSAK et JOEL EPALLE.  Je pense également que la société civile et le milieu associatif doivent jouer leur partition en multipliant ces ateliers d’information et de sensibilisation sur la reconnaissance de l’arrêt cardiaque et l’apprentissage des gestes qui sauvent comme l’a fait l’association Marcq- Cameroun de madame Jeanine KEUMO, dans les lycées de Dschang et Fonakeukeu lors de la 2ème édition du festival de cinéma éducatif et culturel KOMANE et avec d’ailleurs la grande contribution de la légende camerounaise vivante ONCLE OTSAMA. Les organisateurs du FEMUA en Côte d’Ivoire ainsi que d’autres festivals en Afrique devraient s’inspirer de ce volet éducatif pour la santé comme cela se passe au festival komane dans la programmation de leurs prochaines éditions. Des ateliers santé « SAUVER DES VIES » devraient désormais figurer dans leur programmation. Ainsi, la mort de PAPA WEMBA aura contribué à faire avancer l’humanité et la santé en Afrique.

Qu’en est-il de votre combat pour la Prévention des AVC au Cameroun ?

Dr Armand NGHEMKAP : Mon combat se poursuit et s’intensifie. J’ai déjà publié sur votre journal en ligne plusieurs articles sur les AVC au Cameroun que les lecteurs peuvent retrouver. Dans une précédente interview publiée chez vos confrères de camer.be, je réaffirmais  que «  la Prévention et le Dépistage précoce des Facteurs de risque cardio-vasculaire doivent être le cheval de bataille de toute politique de Santé Publique en 2017 au Cameroun ». Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour une bonne information des Camerounais sur les facteurs de risque et pour une meilleure sensibilisation sur le dépistage précoce de ces facteurs de risque d’AVC.

Et votre combat pour la Prévention de la Mort Subite des Sportifs… Où en êtes-vous ?

Dr Armand NGHEMKAP : Le combat se poursuit également mais j’avoue l’avoir mis en arrière-plan afin de concentrer mes forces et mon énergie sur la prévention des AVC au Cameroun. Comme je l’ai déjà dit dans une autre précédente interview, j’estime qu’ après près de 15 ans d’une lutte acharnée contre la Mort Subite des Sportifs, ma satisfaction est grande et mes efforts récompensés  au vu des taux de survie très encourageants en cas de malaise chez un sportif depuis la généralisation des défibrillateurs cardiaques dans les enceintes sportives.

Docteur, nous arrivons au terme de notre entretien. En tant que Médecin Urgentiste, que pouvez-vous conseiller aux populations pour prévenir ou faire face à une mort subite.

Dr Armand NGHEMKAP : Les conseils sont multiples et j’en ai déjà diffusé plusieurs dans mes différentes publications et notamment les dix commandements sur la mort subite notamment chez les sportifs. En ce qui concerne le drame survenu chez PAPA WEMBA, la principale leçon à tirer est que l’ignorance nous tue et nous devons de ce fait très rapidement révolutionner nos mentalités faites essentiellement de fatalité et de mysticisme afin d’apprendre dans un cadre d’éducation pour la santé, le dépistage précoce des maladies cardio-vasculaires, la reconnaissance de l’arrêt CARDIAQUE et les « GESTES QUI SAUVENT ». La pratique du massage cardiaque doit devenir un geste citoyen.

Docteur, avez-vous un dernier message en guise de conclusion ?

Dr Armand NGHEMKAP : Je tiens à préciser en guise de conclusion de notre entretien que le taux de survie après un arrêt cardiaque passe de 3% à près de 50 % juste par le fait d’une prise en charge adéquate associant un massage cardiaque et l’utilisation d’un défibrillateur cardiaque. Tant mieux pour ceux qui l’auront compris et dommage pour ceux qui préfèrent se complaire dans la fatalité et le mysticisme, je voulais dire l’ignorance. Je demeure persuadé que mon artiste PAPA WEMBA aurait pu être sauvé. J’informe également vos lecteurs que j’animerai un atelier santé « SAUVER DES VIES » le 8 octobre 2016 au cours du mois du Cameroun qu’ organise l’association MARCQ-CAMEROUN-LILLE-FRANCE et donnerai une communication sur les gestes qui sauvent le 29 octobre 2016 lors de la soirée de gala annuel qui a pour but de récolter des fonds en vue d’organiser en milieu scolaire au Cameroun, des campagnes d’information et de sensibilisation sur la reconnaissance de l’arrêt cardiaque et l’apprentissage des gestes qui sauvent. Il est temps de connaître ces gestes salvateurs.

Entretien avec Ericien Pascal Nguiamba


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